Dans un monde hyperconnecté, nous sommes habitués à l’abondance de réseaux sociaux. En effet, la création de Facebook en 2004 a modifié nos façons d’interagir avec nos amis et connaissances. Nous avons accès plus facilement à leurs quotidiens, pouvons retrouver d’anciennes relations, partager des moments intimes et familiaux avec eux mais aussi avec tout internet si nous ne faisons pas assez attention. Si les vingt-cinq ans et plus ont grandi sans cette profusion d’internet, les jeunes d’aujourd’hui sont nés avec cette évolution, elle fait partie de leur quotidien. Nos jeunes générations sont donc continuellement entourées de ces réseaux et s’y inscrivent de plus en plus jeunes pour ne pas se retrouver mis à part de leur environnement social. Les inscriptions sont généralement des plus faciles afin de permettre le plus grand nombre possible d’abonnés. Fait démonstratif de cette démocratisation de réseaux sociaux, la recrudescence d’anciennes générations s’y inscrivant.
Ces générations nées avec un écran entre les mains dès le berceau (ou presque) ont développé une addiction qui pose de réels problèmes autant pour la dépendance qu’elle crée que pour les risques pris inconsciemment par les plus jeunes dans leur utilisation d’internet. On parle d’ailleurs plus facilement des jeunes en les considérant comme les plus vulnérables face aux dangers d’internet et des réseaux sociaux, mais qui connait réellement son impact personnel sur la sphère mondiale qu’est internet ?
Lorsque nous nous inscrivons sur un réseau social, après la rentrée d’informations personnelles nécessaires à la création d’un compte, le site nous demande de lire et d’accepter les conditions d’utilisation avant de valider celui-ci. Combien d’entre nous clique sur « j’ai lu et j’accepte les conditions » sans avoir réellement pris l’effort de les lire ? Et parmi les personnes bonnes élèves, un peu plus périlleuses d’accepter sans faire un effort de lecture, combien comprennent réellement de quoi il retourne ?
Une étude a été faite en 2016 par deux universitaires américains (Jonathan A. Obar de l’Université York et Anne Oeldorg-Hirsch de l’Université du Connecticut) spécialisés dans la communication, cherchant à démontrer qui parmi les jeunes lisaient réellement les conditions d’utilisation. 543 étudiants devaient tester un nouveau réseau social fictif nommé NameDrop qui aurait développé un partenariat avec leur université. Pour s’inscrire, un étudiant devait renseigner le formulaire d’inscription et valider qu’il avait bien lu et accepté les conditions générales d’utilisation (CGU) et la politique de vie privée (ce que le réseau social peut faire avec vos données personnelles recueillies). Résultat : 74% des personnes les ont validées sans même les avoir ouvertes, et le quart restant les ont lues en 73 secondes en moyenne. Or, si l’on considère que nous pouvons lire entre 250 à 280 mots par minute, il leur aurait fallu plus de 30 minutes pour les lire correctement. On peut donc considérer que personne n’a lu les conditions d’utilisation.
Les chercheurs avaient utilisé les deux contrats du réseau LinkedIn en y insérant de nouvelles clauses pour le moins douteuses : « toute donnée générée et/ou collectée par NameDrop, par quelque moyen que ce soit, pourra être partagée avec des tiers, y compris avec la NSA », « tous les utilisateurs de ce site acceptent de donner leur premier enfant immédiatement à NameDrop. Si l’utilisateur n’a pas encore d’enfant, cet accord sera valide et contractuel jusqu’en 2050. Tous les individus assignés à NameDrop deviennent automatiquement la propriété de NameDrop. Aucune exception n’est possible. ». Selon les données recueillies, 98% des étudiants n’ont pas lu ces clauses, et les 2% restants ont jugé qu’elles n’étaient pas assez graves pour refuser l’inscription… ce qui fait que 100% des étudiants ont accepté de signer le contrat. Voir un article sur le sujet
Connaissant cela, qui peut bien savoir ce que les conditions générales d’utilisation nous demandent réellement sur les sites que nous avons déjà acceptés ?
La principale source d’utilisation d’internet de nos jours pour une personne lambda concerne les réseaux sociaux. A chaque âge son vice, avec des préférences pour Snapchat, Twitter, Facebook ou Instagram, la plupart du temps tous utilisés par les adolescents. Il faut garder la « flamme » Snapchat (il faut envoyer un « snap » à un ami chaque 24h et on obtiendra un nombre de flammes égal au nombre de jours depuis que cet échange a lieu), vérifier qu’on a bien « liker » toutes les bonnes photographies, que ce soit de ses amis ou des tendances du moment, et surtout participer à ces réseaux en se montrant sous son meilleur jour, quitte à s’inventer une vie pour être apprécier de son public.
Le réseau Instagram fait partie des réseaux les plus utilisés du marché. L’interface est intuitive, rapide et permet de partager quotidiennement des photographies plus ou moins personnelles. Élément pratique : on peut s’y inscrire via son compte Facebook. Ce qui veut dire que toutes les conditions que vous avez acceptées plus ou moins par défaut lors de votre inscription sur Facebook seront à nouveau automatiquement validées sur Instagram. Pourtant, ce dernier fonctionne à l’inverse de Facebook : ici on ne peut pas décider qui seront nos amis mais ce sont eux qui nous choisissent en nous « suivant » sans qu’on ait à autoriser le processus. N’importe quelle personne peut donc décider de vous suivre et d’avoir accès à vos photographies sans vous avoir jamais rencontré auparavant.
Très utilisé par les célébrités en tout genre, Instagram attire ainsi de nombreux jeunes souhaitant être au plus proche de leurs idoles. Ils s’inscrivent donc, suivent les personnes les intéressant, et postent des photographies d’eux-mêmes ou de leur quotidien plus ou moins privé sans aucune connaissance des répercussions de leurs actions.
Quelques chiffres démontrant la suprématie du réseau social Instagram :
Si l’on ne prend en compte que la France :
En 2018, le réseau Instagram a fait un revenu de plus de 7 milliards de dollars. Si la croissance continue proportionnelle, il gagnera 9.5 milliards d’ici 2021. Instagram vaut aujourd’hui la modique somme de plus de 100 milliards de dollars, ce qui représente 100 fois plus que ce que Facebook a payé lors du rachat du réseau en 2012.
Ce réseau possède donc une véritable capacité d’influence sur le monde, avec plus de 4,2 milliards de like par jour. Pour la plupart, ces likes viennent des sujets star d’Instagram comme le secteur beauté ou la nourriture sous le trend #food, démontrant la transformation des nouvelles habitudes de consommation. Le #food compte plus de 250 millions de post, 27% des instagramers partagent ce contenu et les principaux addicts vont en moyenne 18 fois par jour sur le réseau, et ce du matin au soir. Ce phénomène est connu de tous, avec la recrudescence de personnes prenant en photo leurs repas ou leurs boissons avant de les consommer. En effet, utilisateur ou non d’Instagram, nous avons tous déjà vu quelqu’un prendre en photographie son repas avant de le manger.
Pourtant, malgré tous les utilisateurs de ce réseau et leur continuelle utilisation de celui-ci, qui peut citer et expliquer clairement les conditions qu’ils ont dû valider avant de prendre en mail Instagram ?
Cet article cherche à nous expliquer le plus clairement possible quel type de contrat nous acceptons avec empressement de signer. Une avocate anglaise s’est amusée à retranscrire les conditions pour qu’un enfant de huit ans puisse les comprendre. Bien que l’avocate se soit concentrée sur une lecture des conditions d’utilisation à des fins explicatives pour enfants, chaque génération peut se sentir concernée par ces explications que nul ou peu ne daigne lire.
Voici les règles réécrites par l’avocate afin que chaque personne puisse les comprendre :
Instagram se dédouane d’autres responsabilités dans ses politiques d’utilisation :
Ainsi, Instagram est le réseau-roi à qui rien ne peut arriver, s’étant armé d’un réseau de juristes et avocats ayant paré à toute éventualité pour se dédouaner si un problème venait à arriver. Cela donne à réfléchir sur les autres conditions d’utilisation que nous avons pu accepter et signer par le passé…
Fait intéressant, il faudrait en moyenne 76 jours pour lire toutes les conditions que vous acceptez en seulement un an et celles d’Amazon vous prendraient à elles seules neuf heures. Dans tous les cas, nous sommes obligés d’accepter les conditions pour avoir accès aux sites, le bouton « j’accepte » devrait donc plutôt s’appeler « je n’ai pas le choix d’accepter ». Beaucoup sont d’ailleurs surpris de voir l’inter-connectivité entre différents sites ou applications, par exemple si vous reliez votre compte Netflix à votre compte Facebook, le site de vidéos en ligne obtient l’accès à vos messages privés…
Toutes ces conditions sont là pour récupérer des informations sur vous et ainsi cibler au mieux les publicités / sites … qui pourraient vous plaire. En lisant vos messages et en regroupant des informations, on peut déterminer ce que vous allez faire et dire dans le futur. Quand on écrit un message, l’assistance du téléphone vous propose en effet des termes qui sont souvent ceux que l’on souhaite utiliser. Pas de conspiration ici, juste le résultat de l’acceptation de conditions générales d’utilisation en notre défaveur.
En conséquence, l’Europe a adopté la loi RGPD (réglement général sur la protection des données), applicable depuis le 25 mai 2018, dans l’espoir de mieux contrôler le traitement des données à caractère personnel et la libre circulation de ces données. Il n’empêche que toutes les données déjà récupérées ne seront pas supprimées pour autant…